lundi 30 septembre 2019

JOURNÉES DU PATRIMOINE : VISITE AU PUITS DE MOÏSE

Chers visiteurs, c'est avec un peu de retard...... que je  vous parle ici  de cette "merveille"  voici :

Je me suis rendue le week end dernier  à la Chartreuse de Champmol, tout près du Jardin botanique de l’Arquebuse, de Dijon, pour revisiter le chef d’oeuvre de Claus Sluter et  Jean de Marville. 
Bien qu’il soit très difficile de le photographier tant l'édicule qui le protège des intempéries  est étroit (on n’a aucun recul) j’ai fait quelques images tout de même qui vous convaincront j'en suis sûre  de venir le visiter un jour……
Une scénographie a été réalisée au Musée de Dijon présentant des moulages de certains visages des anges et des prophètes. Je la trouve remarquable, mais rien ne vaut le contact direct avec l’oeuvre, laquelle garde des traces de sa polychromie originale.
Moise - Les anges sont tous différents qui soutenaient le calvaire de leurs ailes
déployées. L'ensemble était peint et il reste des traces de la couleur originale. Ici le bleu
fabriqué à base de lapis lazuli. - photo MSG
L'un des anges - photo MSG

Ce monument est la base d’un calvaire dont la partie supérieure a disparu  pendant la Révolution….. et c’est un miracle si la base a été sauvegardée. Y figurent les six prophètes surplombés (dans l'entablement) par des anges.
Les lieux étaient constitués d'un cloitre (au centre duquel on pouvait voir ce puits), d'une église et d'autres bâtiments conventuels abritant des moines chartreux. C’est le  Duc de Bourgogne, Philippe le Hardi (4ème fils du roi Jean le Bon)  qui l'a voulu  en créant une chartreuse destinée à recevoir sa dépouille et celles de ses successeurs.

L’ensemble se situait alors hors les murs de Dijon. On peut encore en apercevoir le portail de l’entrée  principale lorsque, sortant de la gare de Dijon coté “jardin de l’arquebuse”, on poursuit son chemin en direction du lac Kir.

Ici Zacharie sous les traits de Philippe le Hardi - sont menteau  était revetu d'or. - photo MSG
Le Duc est représenté  sous l'apparence de Zacharie.

Hélas, la Révolution est passée par là qui nous a privés de l’édifice religieux et de sa chapelle dont il ne subsiste que le portail - et ses sculptures, soit  : la Vierge sur le trumeau, le Duc et la Duchesse Marguerite de Flandres sur les pieds droits. 
Ce portail a  été. inséré à la nouvelle bâtisse  (plus petite) datant, elle,  du 19 ème s, 
La vierge du trumeau - photo MSG

Autre vestige :  la tour octogonale d’accès à l’oratoire des Ducs (situé en hauteur dans l'ancienne eglise). 
Enfin, et c’est miracle aussi,  les somptueux tombeaux  des ducs,  ont été déplacés, donc sauvegardés.
La tour octogonale - photo MSG

Ils sont visibles aujourd’hui dans la salle des gardes de l’ancien palais ducal et  musée des Beaux Arts de  Dijon. Ce sont de véritables joyaux.

Aujourd’hui, un hôpital psychiatrique a été construit à la place de la Chartreuse, si bien que lorsqu’on perd un peu son bon sens, il n’est pas rare d’entendre dire, à Dijon, “tu es bon pour la chartreuse” ! 


samedi 14 septembre 2019

LA LUNE ….. DONT C’ÉTAIT LA FÊTE VENDREDI 13………

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……est cause de ce post !
Impossible de fermer l’oeil dans les nuits de pleine lune de jeudi et de vendredi….. aussi ai-je saisi un livre sur ma table de chevet et me suis-je remise à lire un passage du Kin Ping Mei……. Vous savez, ce fameux roman du 17e siàcle  où l’on raconte les aventures du droguiste  Hsi Men et de ses six épouses…..et concubines.
En l’ouvrant par hasard, je suis tombée sur le XVIe chapitre et je ne résiste pas à l'envie de vous compter ce passage qui nous amène dans le parc d'une riche demeure de l‘époque SONG…..
Sujet : le héros de l’histoire a fait aménager son parc et les travaux se terminent….
Au Chapitre seizième - 
“Quelques mois plus tard, les nouvelles constructions étaient achevées, jusqu’au dernier clou, et elles reluisaient de peinture fraiche. Pour leur inauguration Hsi Men organisa encore un banquet qui dura plusieurs jours. …
…Un jour du commencement du huitième mois Hsi Men était parti vers dix heures pour aller fêter l’anniversaire du nouveau juge départemental Hsié…..
Mme Lune, accompagnée de quatre autres épouses et de la fille de Hsi Men, partit pour inspecter en toute tranquillité les nouveaux arrangements du parc. Elles n’eurent qu’à pousser le porche à tourelle pour voir s’étaler devant leurs yeux des prodiges sans fin. 
Parmi le bleu-vert foncé des cyprès, que coupait par ci par là le bleu Alcion plus clair des bambous, surgissant des hauteurs, les unes en pente douce, les autres plus rapides, toutes se couronnant enfin par le plateau où s’élevait le belvédère. 
Le parc était construit pour plaire en toute saison. Au printemps, la Salle des Hirondelles migratrices s’ouvrait sur une multitude de pêchers et de pruniers qui rivalisaient par l’abondance de leurs fleurs. En été on allait plus loin jusqu’à la Hutte du Ruisseau de Montagne, cachée dans la calme beauté des nénuphars et des fleurs de lotus. Pour l’automne, la Tour des Vertes Collines montrait toute la splendeur des chrysanthèmes. L’hiver enfin, dans la salle du Printemps caché, le délicieux calicanthe  d’hiver tendrait ses branches fleuries. 
Deux ruisseaux murmuraient dans de merveilleux prés émaillés de fleurs. Des branches lourdes de fruits pesaient sur des grilles richement sculptées. Les feuilles étroites et mobiles des saules se balançaient doucement dans le vent et leur courbe ressemblait  aux sourcils délicats d’une jeune fille 

C’est devant la salle des Hirondelles migratrices qu’on verrait vaciller les lanternes multicolores, le soir de la fête des lanternes. Sur les rives rocailleuses des étangs, des veines d’or et d’argent luisaient au flanc de morceaux de quartz éclatés. Des pierres précieuses sertissaient les balustrades, telles de jeunes pousses de bambou. Des hirondelles à poitrine rougeâtre sortaient de derrières les rideaux et frôlaient les plafonds.  Des cacatoès jaunes volaient en criaillant dans l’ombre verte des arbres. 
On avait tout prévu, jusqu’aux ouvertures en forme de lune dans les murs, jusqu’à l’arche flottante, au bosquet fait des racines odorantes du chardon du Cachemire, sans parler des austères bois de pins et des gaies allées de bambous, des ruisseaux en méandre, des étangs carrés, des escaliers ombrés de bananiers et de palmes, des bassins peuplés de poissons étranges, et des papillons mouchetés. Bref, c’était un parc qui pouvait rivaliser avec le Jardin des Pivoines des anciens empereurs de l’époque Tang, capable de détendre, à force de surprise, les traits raides d’un Boddhisatva plongé dans de saintes méditations………”

Traduction de Jean Pierre Poret pour le club français du Livre- Exemplaire  n°3270 sur 15000 tirés - 1967.

J'ai "sacrifié" hier à la tradition en achetant deux gâteaux de lune "made in Hong Kong" et que j'ai payés fort chers !.....


et suis allée traîner sur le net ou j'ai trouvé un post fort instructif sur le site "le manger"..... 
voir sur google en entrant "gâteau de lune..." c'est instructif ! Le même site donne également son point de vue -que je partage - au sujet des oeufs de 100 ans.



A l'interieur de mes gateaux, un oeuf et des graines  de lotus...... soit un mixt des deux ci dessus !

mardi 10 septembre 2019

SUR LES TRACES DE L’ECRITURE CHINOISE : MON INQUIETUDE

Puisqu'on parle d'apprentissage, je voudrais attirer votre attention sur  un livre écrit par le maitre calligraphe parisien SHI BO - Un livre  de ma bibliothèque dont je ne voudrais pour aucun prix me séparer.

Dans sa préface,  l’auteur nous dit  :
“Il reste que dans l’acceptation chinoise du terme, “écriture “ n’équivaut pas à “calligraphie”, et il ne suffit pas de savoir écrire pour être calligraphe. …….”    Printemps 1999. Shi Bo

Cette différence est essentielle et c’est pour cela que ce petit livre mériterait vraiment d’être réédité.

Que contient-t-il  ? Au cours de ses 7 chapitres , l’auteur  développe  dans une mise en page simple mais raffinée et largement illustrée, l’histoire des systèmes d’écritures chinoises, du Jiaguwen, au Xingshu avec de multiples exemples, des anecdotes  et de nombreuses illustrations. Ces “pistes” m’on incitée pendant de nombreuses années à faire diverses recherches…..

De tous les manuels que j’ai pu consulter, c’est le meilleur  manuel généraliste (en Français) pour entreprendre l’initiation à l’histoire de la calligraphie.



Cet excellent outil de généralisation n’a - malheureusement - pas été réédité et devient de plus en plus introuvable……. Quel dommage !

Et c’est là que je m’alarme !……
Force est de constater aujourd’hui que, l’actualité n’étant plus “porteuse” pour  la découverte de la culture chinoise, mais d’avantage portée sur la critique de la politique de ce  pays, la curiosité de la plupart des français  a diminué et les libraires négligent de plus en plus ce rayon……pire : il disparait au profit des livres japonais qui  évoquent au quidam  une odeur d’exotisme totalement “à-politique……”

C’est la “peau de chagrin”.

Comment alors s’initier au sujet  ? 
En suivant des cours, bien sûr, mais les livres et le matériel aussi sont indispensables...... surtout en Province où l'on ne dispose pas des instituts et centres specialisés que l'on trouve dans la capitale....
Je m’inquiète et me demande comment je pourrai me  “ravitailler” dans les années qui viennent,  en livres, papiers et autres encres….. 

Pour les commerçants, à l’exception  de deux trois adresses à Paris et sur le net, (et là encore cela ne s’arrange pas……)  l’affaire n’est sans doute plus considérée comme rentable……..

Donc : rééditer ce manuel serait une bonne chose !



Remarque : Il vous reste la possibilité d’acheter une oeuvre originale du calligraphe, mais là, c’est une autre histoire….. car cela se mérite ! 
On n’achète pas une oeuvre d’art comme on achète un petit pain……


note : il y a encore quelques très rares exemplaires    de "entre terre et ciel" sur le net…….


lundi 2 septembre 2019

KAISHU : LE MAL AIME DES APPRENTIS CALLIGRAPHES……



D’expérience, je constate que l'apprentissage du kaishu (dit aussi :  régulière) est assez mal aimé, voir vite abandonné  des apprentis calligraphes……. et des apprentis de la langue. C'est une grave erreur.

Une page du magnifique dictionnaire de Kangxi - imprimée sur papier de riz et gravée  sur bois - consultable à la Bibliothèque numérique  et une version papier a été éditée (voir  sur le net.)
...et cela va loin, tellement que, dans les cours de chinois que j’ai pu suivre pendant quelques années, l’écriture en chinois était quasi “escamotée” laissant place seulement (ou presque) à la lecture,  à l’oral, au “pinning”….. et pourtant nous avions des profs chinoises......
Quant à la cursive écrite, qui n'a rien à voir avec la calligraphie, on ne l'évoquait même pas.

Vous me direz qu’il ne s’agissait pas de cours de calligraphie, certes, mais d’apprendre, dans un temps relativement court,  à dire bonjour, à acheter un kilo de sucre, à prendre le métro ou demander sa route…… 
La calligraphie n’avait rien à voir là dedans……
A ce sujet, je me souviens d’une personne particulièrement douée pour les langues, et pour le chinois, à qui je demandais pourquoi elle ne passait pas le HSK, ce à quoi elle me répondit :  “mais je ne sais pas l’écrire !”. 

Ce “désamour” du tracer de la "régulière"  , dans l’exercice calligraphique, est il  dû à la difficulté première de la tenue du pinceau ?
Ou à la difficulté seconde, c’est a dire au respect de la  structure du caractère et aux contraintes qui s’y rattachent ? Bref, est ce parce qu’il est difficile à tracer ? 

Certainement.

Pour ma part, il ne se passe pas une séance d'apprentissage sans que je le pratique, verticalement . Permettez moi de penser  que c’est peut être plus aisé et plus logique  qu'horizontalement !

Pourquoi me direz vous ? 
Par ce que la pratique de la régulière, c’est la base même d’un tracer cohérent et équilibré, 
........à commencer par la succession des traits dans un ordre correct, mais aussi au respect des proportions..…

Parmi mes amies, j’en connais deux qui tracent une régulière assez remarquable….. Je suis  admirative !
Ce n’est pas mon cas ! 
Mon écriture est plutôt “brouillonne”, mais à la pratiquer ainsi régulièrement, mon esprit se modèle, la main aussi….. Je subis une alchimie intérieure que je ne saurais expliquer…… “une imprégnation naturelle” qui fait que, petit à petit, le mot qui suit se place au bon endroit……  et surtout, ce qui peut être qualifié de "luxe" à notre époque, je bénéficie d'un précieux moment de "zénitude........." .mais il m’a fallu quelques années pour y parvenir et ce ne sera toujours qu'une quête   !

 Le temps passe, le trait devient plus sûr  et j’arrive à peu près à une verticalité correcte…… encore que, je me “console”  en regardant les pages  de certains grands maitres qui eux aussi présentent  parfois un léger “coup de vent” dans leurs alignements ….


Vous allez sourire : 
 Lorsque je regarde la page terminée, je ne supporte mon tracer que basculé à l’horizontale….. où il dégage alors un certain rythme…… mais là c’est un regard de plasticienne, ou encore de graphiste, pas de calligraphe !

Cependant, et à la longue, la verticalité se construit : je peux dire  “d’instinct”, car je dois avouer que je n’ai jamais utilisé de support quadrillé, ce qui pour moi accroirait considérablement  la difficulté, créant un carcan, véritable barrage à la spontanéité du trait. Est ce encore la plasticienne  qui s’exprime ?

Chers visiteurs, ne négligez pas cette écriture - qui est fondamentale - dans la pratique de la calligraphie…… et de temps en temps, 
je dirais même le plus souvent possible, 
allez vous ressourcer chez les maitres…… Certes, ils ont un avantage de taille sur vous : ils sont chinois… Dans ces textes poétiques - qui  sont un langage particulier et spécifique  : je pense aux poésies -  les caractères qu'ils utilisent appartiennent à  leur langue “maternelle” : cela aide énormément. 
Dans leurs oeuvres, quelles belles pages vous pourrez contempler !

(a suivre)