samedi 18 février 2017

少年游 : UN POEME SONG DE ZHOU BANGYAN QUI CELEBRE LI SHI SHI


C’est l’histoire d’un poème, un poème ci
Comme j’aimerais connaitre la musique sur laquelle il fut chanté. Sa lecture, à l’évidence, m’en évoque la mélodie.......
exercice personnel du dit poème.......

C’est une scène intime qui se déroule à l’époque des Song du Nord, entre Li SHI SHI, grande courtisane appréciée de l’Empereur Huisong, et un “invité”........ dont on ignore l’identité. Cet inconnu donne à ces vers une dimension universelle ....... 
Mille excuses pour le pinning, mais vous le trouverez facilement sur Chine nouvelle ou j'ai rassemblé ces caractères.

Je ne peux m’empêcher de penser que,  tel qu’il a été conçu, ce poème traversera les civilisations sans prendre une seule ride !
Sa structure, tellement proche de nos séquences audiovisuelles, nous fait découvrir un monde intimiste et raffiné.
Voici mon humble traduction :
Sur l’air du voyage d’un jeune adolescent -

少年游
shao4  Nian2  You2

 poésie de Zhou Bangyan - époque Song.

Lame de Bing claire comme l’eau
Sel de Wu à la pureté neigeuse
Des mains délicates partagent l’orange
Les tentures s'attiédissent
Tandis que le brûle parfum répand son odeur
Assis face à face jouons du sheng (orgue à bouche)
A voix basse, elle demande : "où allez vous passer la nuit ?
Aux murailles de la citadelle c’est déjà la 3ème veille !
Le cheval peut glisser sur le pavé givré.
Rester vaut mieux que partir !
Sincèrement, les passants sont rares....."


Le rythme des caractères, en même temps qu’il structure la scène, apporte la note musicale, d’une séquence qui pourrait être filmée. Voici comment je l'imagine. (voir doc ci dessous)

A- les 2 premiers vers de 4 caractères chacun campent le décor : d'un plan d'ensemble de la scène, on aboutit par unTravelling avant  sur la table où se prépare la "collation", et, où, on le verra plus loin, le brule parfum dispense ses effluves.
B- le troisième vers (de  5 caractères) :  par un  léger balayage de champ   découvre la courtisane en plan moyen  : on voit   Li Shi Shi  dont la “main de soie”   découpe l’orange * - Ce plan met en valeur la grâce de la courtisane.
C dans les trois vers suivants :  un court travelling arrière amène à un  Plan d'ensemble qui dévoile  plus largement le décor dans lequel  le duo " joue de l’orgue à bouche", dans la position assise.
D  Gros plan sur le visage de Li ShiShi  chuchottant à l'oreille de son partenaire, puis travelling arrière  sur   les deux personnages  :  la courtisane invite son invité à rester,  au travers d’ un monologue des plus consommé.(7 caractères, puis 5, 4, 4  et enfin 5)
... et là je vous laisser imaginer le plan final !

cliquer sur l'image pour l'agrandir.
Musique du coeur, musique intime, musique de l’intimité....... 
Pour approcher la dimension poétique de cette, oeuvre, je pense qu’il  convient de se remémorer la contexte historique : c’est  le règne de l’empereur Huisong, empereur “artiste” - célèbre pour sa calligraphie précieuse de “style fin doré”, peintre, érudit, mais aussi si peu fait pour le gouvernement, puisqu’il conduira son empire à sa perte.
 Son règne est un creuset artistique. En 1105, il  charge l’auteur, Zhou Bangyan, de  retrouver des airs anciens tombés dans l’oubli, de les recenser, et parallèlement, de créer de nouvelles mélodies. On pense que c’est  Li Shi Shi, grande courtisane de l’époque, qui serait à l’origine de cette nomination. car elle était proche de Huisong. Il était donc parfaitement courtois que le poète renvoie “la politesse” en lui dédiant ce poème.

Notes :
J’ai lu  quelque part que le Sheng (orgue à bouche) cité dans le poème, évoquait pour les musiciens antiques chinois le phénix en position de repos, et les sons qu’il émet, le chant de cet oiseau........
 Enfin, si je reviens aux deux premiers vers qui ont du vous surprendre et où il est question de couteau, et de  sel...... j’ai lu  aussi quelque part que les Song du Nord mangeaient  les oranges salées et j’ai même trouvé quelques recettes de salades d’orange salées.......

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