Je suis allée hier revoir les oeuvres de David Hominal. à l’expo du Consortium de Dijon,
Si je n’étais confrontée à ses oeuvres qu’à travers des reproductions ou sur l’écran, je risquerais de passer bien à coté de toutes les sensations qu’elles m’ont provoqué.
En matière d’art, rien ne remplace le contact direct avec l’original.
Première sensation, à ma première visite : .. pas emballée ! mais pas indifférente.....
Et puis je pousse l’observation plus loin : je m’interroge . .....
Technique, composition, concordances..... différences.... à partir de quelles sources d’inspiration..... réponses données par chaque artiste à une problématique.... bref, la moulinette marche à fond !
Au premier abord, en parcourant les salles qui lui sont consacrées, je comprend que le propos est axé sur la pratique de la peinture et du pinceau, en temps que plasticité, traces, composition, plus qu’en temps qu’écriture. (même si c'est une écriture !) C’est donc de peinture qu’il s’agit, pas de graphismes (bien que ça passe par là) pas de calligraphie, bien que parfois, on la “frôle”.....
Je m’explique :
Devant certaines oeuvres de cet artiste, je pense à certaines oeuvres de Fabienne Verdier. C’est ce qu’on appelle la “connotation”.
Particulièrement devant l’oeuvre intitulée 31 “Green 1 et 2, et devant untitled 29 et les oeuvres qui sont de la même veine.
David Hominal : Green1- 2013 - photos MSG. |
Pour ce qui est de “Green 1, et Green 2”, d’abord, il y a le “Vert”.
Vert comme Verdier.....
J'observe un travail graphique qui semble présenter certaines analogies avec la calligraphie, mais qui n'en sont pas, ainsi que de nombreuses divergences.
Analogies : présentation par paire, (deux toiles cote à cote) de graphismes noirs sur fond unicolore,..... .
Divergences : Chez F Verdier, les tracés sont directement empruntés à la calligraphie chinoise. L'énergie émane du tracer......
Fabienne verdier - livre : l'unique trait de pinceau. Photo MSG les mille choses se retrouvent en nous au complet - MANCIUS; |
Chez D Hominal : ces tracés, à quoi se réfèrent ils ? au geste ? à l’acte de peindre ? à la simple utilisation des pinceaux (qui sont semble-t-il des brosses ) ? La démarche est différente mais elle est également troublante. Pratiquant moi même la calligraphie chinoise, je me demande quels sont "le pourquoi et le comment" de la réalisation de ces deux grandes toiles jumelles “vertes”.
Le fond vert est passé à grands coups de brosse directement visibles et qui lui donnent une vibration. Cela crée un effet curieux, car les graphismes noirs en deviennent presque statiques, comme une grille...... Alors que chez Fabienne, c’est le graphisme qui vibre et le fond qui fait silence.
D. H : detail de Green1- 2013 |
L’oeuvre 29, ci-dessous, et les quelques autres qui l’entourent, répondant d’une problématique semble-t-il identique, me font encore penser à la calligraphe.
Analogies : je me souviens des "cercles" que trace Fabienne, debout sur la toile (déjà mise en peinture) avec sont immense pinceau.
Elle doit actionner l’outil suspendu à la verticale, tant il est lourd, en usant de toute sa force, mais aussi de toute sa lente concentration.
A l’intérieur du cercle, le vide est juste animé par les taches (disposées en horizontale formées par les gouttes qui s’égouttent du pinceau à son retrait . Ce cercle, c’est un peu comme un grand Bi, le symbole du Ying et du Yang......
Fabienne Verdier : Extase - livre "Entre terre et Ciel" - A Michel - photos MSG. |
Fabienne Verdier : autres oeuvres photographiées présentées dans le même livre. |
David Hominal : Untiteld - 2016 |
Divergences : Sur l’oeuvre de David, à l’inverse, je constate un tracer concentrique barré d’une verticale finale bien encrée, tracée dans la continuité des cercles.
Détail de l'oeuvre - photos MSG |
L’oeuvre semble exécutée assez spontanément.
(Je pense qu'un psychanaliste se ferait plaisir en l'analysant )
Le support est également travaillé mais de façon totalement opposée :
Chez l’une, une peinture unie et nourrie, comme une laque.... fruit d’une préparation spéciale du médium par l’artiste.
Chez l’autre, des jus légers laissant apercevoir des tracés préalables..... ceci est donc très différent, mais troublant.....
La Position de l’artiste pendant la réalisation de l’oeuvre est elle la même ? Certainement pas :
J’ai vu Fabienne Verdier au travail sur des vidéos, J’aimerais voir ce peintre à l’oeuvre lui aussi, qui doit s’y prendre tout autrement, peut être comme un "escrimeur", et qui doit également dépenser une grande concentration et une forte énergie dans l'exécution. Travaille-t-il au sol ? très improbable. Debout ? je pencherais plutôt pour cette hypothèse, la toile fixée à la verticale. Si c’est le cas, il doit être grand ! Le résultat donne l’ impression d’une grande “calligraphie” exécutée presque également en un “unique trait de pinceau”....terminé en son centre par une ligne verticale impérative qui bloque l’espace, telle une agrafe. Apparemment, cet artiste “livre une sorte de bataille” avec ses toiles......
Et je me suis demandée si tout cela était le fruit du hasard ou au contraire, celui d’une interrogation menée à la suite d’une rencontre....... ?
A L’INSTAR DE FABIENNE VERDIER, INSPIRÉE PAR LES DENTELLES DES MAITRES FLAMANDS, DAVID HOMINAL N’AURAIT IL PAS, LUI, ÉTÉ INSPIRÉ PAR L’OEUVRE DE LA PEINTRE CALLIGRAPHE ?
Note : les pistes de travail explorées par cet artiste étant assez diversifiées, ce serait une erreur de le cantonner dans cette d’analyse.
Pour mieux observer, cliquer sur les photos pour les agrandir.
expo : ref sur post precedent.