Si on fait une large part à la poésie de l’époque Tang, et c'est vrai que ce fut un âge d’or…. d’autres poètes Chinois, au fil des siècles, sont légion qui méritent qu’on les cite. Récemment, consultant un livre de Mounddaren dédié à Yuan Mei, je me suis dit que ce lettré méritait largement une premiere place au Panthéon des poètes….
J'aime sa vision des choses, d’où ce post !
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Yuan Mei : illustration provenant du net. |
Né à Hangzhu, poète et pédagogue, ayant la passion des lettres, il vécut sous la dynastie des Qing.
Esprit brillant mais pauvre, il cultiva dès sa jeunesse difficile une vision très originale. Indépendant dans ses idées, ce qui ne facilita pas son ascension sociale auprès des officiels, il fut dès son plus jeune âge, passionné de lectures et par faute de moyens, devint un parfait autodidacte.
“Etre amoureux des livres est une grâce naturelle dit-il !
“Sans inspiration aucun talent ne peut s’exprimer
“D’humeur à composer un poème, je congédie mes visiteurs
“J’ouvre la fenêtre de la bibliothèque et laisse entrer les montagnes….”
Très jeune, il se mit ardemment à la tâche , utilisant tous les documents qui pouvaient lui “tomber” sous la main.
Après bien des péripéties - parce que sa passion ne le quittait pas et conseillé par un ami proche - il tenta les examens mandarinaux, mais hélas y échoua car il refusa d’apprendre à s’exprimer en mandchou. langue officielle d’alors au Palais de Qian Long et Passage obligé. Il les réussira plus tard, au prix de quelques concessions et, surtout, fortement soutenu par ses “mentors”.
Cette expérience ne fut pas inutile car il en profita pour écrire un précieux recueil à l’attention des jeunes qui voulaient, comme lui, préparer ces fameux concours !
Le métier de fonctionnaire ne l’enthousiasmera pas ! A la quarantaine il quittera cette “position officielle” pour se retirer à Nankin afin de pratiquer les arts comme il l’entendait !
Pour cela, cet “épicurien taoïste” acheta, dans la capitale (Nankin : capitale du sud) une propriété laissée à l’abandon. Elle se situait sur “la colline du grenier”, mais hélas, elle a aujourd'hui disparu.
Il la reconstruisit en la dotant de pavillons et d‘un grand jardin. Nous connaissons son existence sous le joli nom qu’il lui donna et qui fut celui de son ancien propriétaire, un soyeux : “La villa Sui”.
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Photo Msg@06 |
“Dix mille bambous se dressent derrière le portail
Ma maison se cache dans ce verdoyant ombrage”
Yuan Mei ne tarda pas, lorsqu'il ne voyageait pas, à en faire une “Académie littéraire” tant il aimait à recevoir et à échanger avec des lettrés de tous âges.
On nous dit : “que la villa Sui compta pas moins de 24 pavillons construits autour de petites cours circulaires avec au milieu une pièce d’eau séparée en deux par une passerelle serpentine avec des petits ponts arqués, sur le modèle du Lac de l’Ouest à Hangshou”
Il y écrira poèmes et récits et pratiquera également la peinture et la calligraphie qu’il finira par enseigner.
Ce lettré vécut assez âgé. N' écrivit-il pas, entre autres, des poèmes ayant pour thème ses 80 ans. Il y exprime son goût pour les livres, leur compagnie et leur lecture…… et se félicite de ce que la vieillesse n’altère pas la qualité de son pinceau !
Aimant la vie, Il immortalisera, tout comme Su Dongpo (Alias Su Shi - à l’époque Song) les préparations de son chef cuisinier !
Yuan Mei qui savait se faire des amis, voyagea beaucoup. Il sillonna jusqu’à son grand âge l’Empire du Milieu , ses villes et ses grands sites.
Montrant une grande indépendance d’esprit et peu soucieux du “qu’en dira-t-on”, il prit des femmes comme élèves, chose peu pratiquée à l’époque et qui scandalisa certains.
Faisant fi des règles littéraires, il soutenait que la poésie a ses règles propres et qu’elle ne doivait pas être "un véhicule du confucianisme" comme le prônaient la plupart de ses contemporains. Il touchera ainsi un très large public et deviendra très célèbre.
Défenseur de la poésie, considérant la littérature comme un art à part entière, Il rénova ainsi le style, lui apportant une profonde originalité.
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D'après les polices du recueil.... pas évident ! |
Pour être en accord avec la saison, voici un extrait de l'un de ses poèmes :
"La canicule"
"Le dieu du feu congédie les visiteurs à ma place
"L'ermite peut ainsi se mettre à son aise
"au portail nul coursier à la crinière rousse
"devant la maison le seul carrosse des nuages blancs
"sous la pluie ininterrompue, les fleurs des lotus sont exubérantes.....
etc...
à lire la suite p141 dans :
.... traduction Cheng Wing Fun et Hervé Collet