mardi 2 février 2016

CHING TSAI LOO, MARCHAND D'ART ASIATIQUE......

C’est l’histoire fabuleuse d’un chinois qui avait la bosse du commerce et l’amour de l’art...... Né à la campagne, rien ne le prédestinait à cet avenir flamboyant.
  Lorsqu’elle écrit son livre : Monsieur Loo, chez Picquier poche: le roman d’un marchand d’art asiatique, Geraldine Lenain a  accès à toutes les archives de  celui-ci, ce qui nous donne aussi bien des renseignements sur ses affaires, que  sur sa vie riche en événements et en rencontres.

Je me demande ce que pensent les chinois d’aujourd’hui de cet homme, et de son rentable commerce, mais ce que je sais, c’est qu’il a  sauvé des oeuvres d'une destruction certaine, qu’il a initié les pays d'occident à l'art chinois, et qu'il a enrichi les collections des musées célèbres : Paris ( arts orientaux du musée Guimet), New York, Londres, Washington et j’en passe, ainsi que  les collections privées de richissimes collectionneurs. 
Arrivé à Paris, en 1902, dans les “bagages “ de Zhang Jiang, il va très vite, au service de cet homme, 
se créer un réseau de connaissances et se former à l’art de la vente des objets orientaux. Il ouvrira 6 ans plus tard sa propre maison. Abandonnant  très vite  ses habits orientaux, il  suivra la mode parisienne du costume trois pièces  qui lui sied à merveille.  Elégant et raffiné,  il est aussi obligeant. Il épousera une française dont il aura quatre filles. 
« Il devient celui entre les mains de qui passent, pendant plus d’un demi-siècle, les pièces les plus extraordinaires de l’art asiatique ”, nous dit l'auteur.
Plus tard, lorsqu'il  sera devenu une personnalité incontournable sur le marché,  C. T. Loo  aura réussi à intéresser l'occident à l’art de son pays, de l’antiquité à l’époque des Qing, mais aussi à celui des pays limitrophes à la Chine.
 Il fera  construire à Paris, dans le 8ème arrondissement, rue de Courcelles  près du parc Monceau,  un bâtiment curieux, la pagode rouge : un compromis entre l’art Haussmanien et l’architecture chinoise, à l'intérieur luxueusement décoré, qui lui servira de lieu de réception, de merveilleuse  galerie d’exposition et ou il logera lorsqu'il se sera retiré des affaires, et avant de quitter Paris pour la Suisse puis pour Cannes. 
 C’est la guerre de 14 qui l'aura poussé en Amérique où il étendra ses affaires.
Cet homme n’est pas un marchand ordinaire. Il fut un conseiller pour les collectionneurs et il sera aussi un mécène. Ses donsaux musées,  d’objets de grande valeur, ont enrichi les collections et contribué à  la culture des visiteurs.
C.T.  Loo malgré ses innombrables voyages, ses nombreuses résidences et sa double vie,  restera profondément chinois dans sa manière d’être, d’agir et de penser. Plein de finesse, toujours efficace, il traversera sans encombre les grands évènements de l’histoire, de la guerre de 14 à la révolution chinoise. 
Fier de son pays, il le pillera sans état d’âme, comme ce fut le cas pour l’exportation des stèles de  l'empereur Tang, Taizong, une haute  "trahison"  que la Chine ne peut lui pardonner. 
L’arrivée au pouvoir de Mao Zedong en 1949, verra la fin de son activité,

Ce livre est à lire avec intérêt. 
Note : En ce qui concerne le déplacement des oeuvres d'art dans des musées étrangers, Je suis assez partagée. D'autant que bon nombre d'oeuvres sont le fruit de rapines diverses...... J'avoue pour ma part que je n'ai pas éprouvé d'émotion lorsque au British muséum, je découvris la frise des Panathénées "à l'intérieur d'un atrium" et sous une verrière (ce qui est un non sens total puisqu'elles ornaient l'entablement au dessus des métopes extérieurs du temple !), tandis que j'eus un  coup de coeur  intense en approchant le Parthénon, à Athènes, au coucher du soleil. Pour moi, l'émotion est beaucoup plus intense lorsqu'on peut découvrir l'oeuvre sur le lieu pour lequel elle a été créée.... Mais ça, c'est une autre histoire.

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