Au jardin de la poésie chinoise, bien sûre, il y a un âge d’or (je ne vous apprend rien) : celui des poètes Tang dont on trouve de multiples traductions, que ce soit par les livres ou par internet !
Mais je trouve que c’est un peu au détriment des autres époques …….
Vous me direz qu’en Chine, ce doit être pareil !
On y traduit Baudelaire, mais connait-on Ronsard ?
Le sujet est si vaste qu’il reste bien souvent "chasse gardée" de quelques érudits ou spécialistes, ou encore de chanceux universitaires !
Bref pour un autodidacte c’est pas facile ! Personnellement, j’en fais l’expérience depuis plus de 10 ans ! …mais je suis opiniâtre !
Je commence à avoir une petite bibliothèque assez variée! J’ai pu l’acquérir lors de mes voyages à Paris ou encore par le net ! Merci le net !
Parmi les propositions littéraires faites aujourd’hui aux gens de ma sorte, les éditions Mounddaren sont en bonne place, qui proposent pas mal de choses asiatiques de différentes époques sous une forme d’autant plus attractive qu’ils sont bilingues. Et ça, c'est un plus !
Je me suis penchée ces jours derniers sur l’oeuvre d’un poète de l’époque Qing et je me suis bien régalée……. Il s’agit de Yuan Mei : “Les plaisirs de la Villa Sui” - Règne de Qian Long (18e siècle)-
Ce fut un beau “voyage” dans le temps et dans sa poésie !
J’aime beaucoup son état d’esprit, son exigence de liberté, son indépendance de pensée…. Son amour des textes. Brillant, il le fut, mais surtout il faisait preuve d’une grande clarté de jugement, faisant fi de la lourdeur des règles qui régissaient la société de l’époque et restant Han, envers et contre les institutions et la culture Mandchoue qui alors était imposée.
Il abandonne assez vite la carrière administrative qu’il trouve peu attractive pour s’adonner à ses seul plaisirs : la poésie, les voyages, et à ses activités culturelles où il excelle.
Il aménage sa villa dans cette perspective tout en ne dédaignant pas, hôte attentionné, la qualité de sa cuisine . Il en tirera même un livre ! tout comme Su Shi ! Il devient aussi son propre éditeur.
A Nanjing, où il est installé, il reçoit tout ce qui “compte” parmi les lettrés de passage, faisant montre là encore d’une belle indépendance.
Son “ouverture” à la culture des femmes m’a séduite ! Défiant les règles confucianistes en cours à ‘époque, Il acceptait de les former à la poésie ce qui lui valut certains sarcasmes.
知心能 相聚 喝水也心甜
Avec les vrais amis, même l’eau que l’on boit
Ensemble est particulièrement délectable.
Sorte de “globe trotter,” il sillonne les grands territoires de son pays du nord au sud et de l’est à l’ouest. Il “gravit” les monts sacrés avec l’un de ses fidèles serviteurs jusqu’à un âge avancé ! Un poeme exprime son désagrément dans les nuages des Han Shan.....
Quelle belle leçon !.... et il ne cesse jamais de relater tout cela.
Je terminerai par la citation de deux de ses poèmes -traduits par Chen Wing Fun et Hervé Collet - qui évoquent la persistance de la mémoire et l’amour des belles lettres !
Arrivés à “un autre âge” , on a toujours l’occasion de “revivre” ses émotions passées, et il le prouve :
Exprimant mes sentiments
Jeune j’aimais les livres
J’examinais méticuleusement chaque phrase
Si, décrépit, j’aime toujours les livres,
C’est plus pour me distraire et en saisir le sens général
même si ce que je viens de lire aussitôt je l’oublie,
Tout ce qui a défilé devant mes yeux est devenu une partie de moi-même
Le goût des livres est au fond de ma poitrine,
Plus suave que celui d’un vin vieux.
Me Sentant comblé
Pourquoi dire que le temps passé ne revient pas ?
Sentiments et scènes de ma jeunesse sont sertis dans mes poèmes
La lueur d’une lampe, la couleur d’un vin, le rêve d’une nuit printanière,
A mesure que je fredonne, mes poèmes se raniment.....
(ed Mounddaren - “Divers plaisirs à la Villa Sui”
a lire absolument !
a lire absolument !
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